"IsmaĂŻl Omar Guelleh: Djibouti's Leader Balancing Power, Poverty, and Politics"
đïž TITRE : âLe patriarche de Djibouti : entre maintien du pouvoir et rhĂ©torique de stabilitĂ©â đ INTRODUCTION Dans cet entretien accordĂ© Ă Jeune Afrique, IsmaĂŻl Omar Guelleh (IOG), prĂ©sident de Djibouti depuis 1999, dĂ©ploie un discours savamment calibrĂ©. Ă quelques mois dâune Ă©lection prĂ©sidentielle incertaine, il entretient le flou sur une potentielle sixiĂšme candidature, tout en se posant en garant ultime de la stabilitĂ© nationale. Ce script propose une analyse critique de ses propos, en dĂ©cryptant les non-dits, les logiques de pouvoir, et les contradictions internes Ă son discours. âž» đŹ SCĂNE 1 â StratĂ©gie du flou : lâĂ©ternel candidat qui ne se dĂ©clare jamais đŁïž âJe ne rĂ©pondrai pas Ă cette question.â âĄïž Guelleh refuse de confirmer sâil se prĂ©sentera en 2026. Pourtant, il justifie sa prĂ©sence par un devoir supĂ©rieur : Ă©viter une âaventure irresponsableâ. Ce flou maintenu est une stratĂ©gie classique de leaders en fin de rĂšgne : dĂ©samorcer lâopposition, tester lâopinion, et rester maĂźtre du tempo politique. đ§ Analyse : Ce discours paternaliste sâappuie sur la peur du chaos en cas de dĂ©part du chef. Il repose sur une fausse alternative : lui ou le dĂ©sordre. âž» đŹ SCĂNE 2 â Le vernis de stabilitĂ© Ă©conomique et les failles structurelles đŁïž âLe PIB par habitant est supĂ©rieur Ă celui de nos voisins rĂ©unis.â âĄïž Guelleh met en avant la croissance (6,5% en 2024) et les infrastructures modernes. Mais il balaie les critiques sur la pauvretĂ© (37% selon la Banque mondiale) en les qualifiant âdâexagĂ©rĂ©esâ. Il accuse mĂȘme les experts de mauvaise mĂ©thode. đ§ Analyse : Le prĂ©sident nie les rĂ©alitĂ©s socio-Ă©conomiques vĂ©cues par une large partie de la population. Son rejet des chiffres internationaux reflĂšte un rĂ©flexe autoritaire de disqualification de la critique externe. âž» đŹ SCĂNE 3 â Politique Ă©trangĂšre : posture dâĂ©quilibriste ou alignement masquĂ© ? đŁïž âNous nâavons ni acceptĂ© ni refusĂ© la base saoudienne.â âĄïž Le prĂ©sident cultive une posture de neutralitĂ© stratĂ©gique face aux puissances rĂ©gionales (Ămirats, Arabie Saoudite, Iran). Mais ses critiques virulentes envers Abou Dhabi (DP World, influence rĂ©gionale) rĂ©vĂšlent une ligne de fracture. đ§ Analyse : En dĂ©nonçant les Ămirats comme âdĂ©stabilisateursâ, Guelleh adopte un ton de souverainetĂ©, mais Ă©vite toute remise en question de la prĂ©sence militaire Ă©trangĂšre massive Ă Djibouti. Le pays reste une scĂšne de rivalitĂ©s internationales plus quâun acteur souverain affirmĂ©. âž» đŹ SCĂNE 4 â La question palestinienne : conviction ou opportunisme ? đŁïž âLe Hamas nâest pas un groupe terroriste, câest un front de libĂ©ration.â âĄïž Sur le conflit israĂ©lo-palestinien, Guelleh adopte une posture radicale, se dĂ©marquant de ses alliĂ©s occidentaux. Il refuse tout rapprochement avec IsraĂ«l tant que la cause palestinienne nâest pas rĂ©solue. đ§ Analyse : Cette position, en phase avec lâopinion publique locale et panarabe, lui permet de se prĂ©senter comme une voix morale du Sud global. Mais elle contraste avec ses compromissions internes : autoritarisme, censure, absence de dĂ©mocratie rĂ©elle. âž» đŹ SCĂNE 5 â Lâennemi intĂ©rieur : migrants, opposition et tribalisme đŁïž âCeux que nous renvoyons sont des sans-abri errants.â âĄïž Guelleh justifie les expulsions massives de migrants en les dĂ©crivant comme une menace pour lâĂ©quilibre dĂ©mographique. Par ailleurs, il accuse son ancien ministre (Slim Feriani) de gestion tribaliste pour justifier la fermeture du fonds souverain. đ§ Analyse : Le prĂ©sident instrumentalise le discours sĂ©curitaire pour justifier une politique migratoire dure, tout en dissimulant les Ă©checs de son propre systĂšme de gouvernance et de redistribution. âž» đŹ SCĂNE 6 â LâhĂ©ritage : entre culte de la personnalitĂ© et mythe de lâhomme providentiel đŁïž âJe veux que Dieu me dise que jâai aidĂ© les pauvres.â âĄïž Le ton devient mystique, presque messianique. Guelleh revendique lâamour du peuple, lâhonnĂȘtetĂ©, la sincĂ©ritĂ© et la mission divine. Cette mise en scĂšne dâun chef humble mais indispensable est typique des rĂ©gimes autoritaires en fin de cycle. đ§ Analyse : Ce culte du chef efface la pluralitĂ© politique. Le mythe de lâhomme providentiel empĂȘche toute alternance. Lâentretien fonctionne alors comme un outil de consolidation de pouvoir sous apparence dâintrospection. âž» đ CONCLUSION : Lâinterview dâIsmaĂŻl Omar Guelleh est un chef-dâĆuvre de communication autoritaire sous des habits dĂ©mocratiques. DerriĂšre une rhĂ©torique de paix, dâunitĂ© et de dĂ©veloppement, se cache une stratĂ©gie de verrouillage du pouvoir, de dĂ©ni des fragilitĂ©s internes, et de projection de menace extĂ©rieure. Guelleh, en refusant de âquitter le navireâ, enferme Djibouti dans une dĂ©pendance personnalisĂ©e. Le pays nâa pas besoin de capitaine Ă©ternel. Il a besoin dâinstitutions solides, de transparence, et dâalternance.
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